Auteur: Dimitri Verhulst
Editeur: Denoël
Traducteur: Danielle Losman
Titre original: De Laatkomer
Date de parution: 22/01/2015
Nombre de pages: 144
Par désespoir, pour asticoter son monde et surtout pour se venger de son épouse qu’il déteste, Désiré Cordier, petit bibliothécaire retraité de son état, décide de simuler la maladie d’Alzheimer. Bientôt il se prend au jeu et s’amuse des réactions désemparées de sa famille. Il découvre là une liberté qu’il n’a jamais connue et un moyen sûr de s’éloigner de son entourage, et surtout de sa femme qui l’a toujours régenté. Il décide alors de se plonger dans les joies de la démence, la sénilité et l’incontinence… et finit par être interné dans une institution… La maison de retraite lui réserve quelques surprises, comme les retrouvailles avec son amour de jeunesse et la rencontre avec des pensionnaires aussi déjantés que lui. À travers des portraits féroces et hilarants, Verhulst, qui a un don sans pareil pour rendre le comique tragique, et vice versa, nous livre sa vision douce-amère du mariage.
Voilà un concentré d'émotion de 140 pages. Un livre tout à la fois drôle et tragique. Le personnage de Désiré Cordier est très attachant. On comprend très bien pourquoi il a voulu fuir son quotidien. Sa femme est tout bonnement ignoble avec lui. Elle régente sa vie, le rabaisse, ce n'est vraiment pas une partie de plaisir de vivre avec. Pour retrouver sa liberté, Désiré va donc simuler une démence. C'est là que l'humour fait son apparition (le coup du toaster est bidonnant).C'est jubilatoire pour Désiré qui tient en quelque sorte sa revanche. Il en fait voir pire que pendre à sa femme. Puis vient le moment du placement en institution, comme il le dit sa femme n'aura plus personne à emmerder! Mais qu'en est-il de lui? Il en est réduit à se faire dessus pour rester crédible. Et il a du mal à le supporter. Se croyant original en simulant une démence, il va vite se rendre compte qu'il n'en est rien. Car il n'est pas le seul à avoir eu cette idée. Je dois avoué que j'ai beaucoup rit dans cette première partie, mon passage préféré reste celui avec Her Kommandant Alzheimer, qui est mémorable.
Mais au fil des pages, le ton change, les retrouvailles avec Roza Rozendaal n'y sont pas étrangère (je vous laisse découvrir qui elle est). Peu à peu, Désiré se rend compte qu'il est passé à côté de sa vie. Les regrets font leur apparition. La dernière visite de sa fille est un passage très émouvant. La fin m'a un peu déçue même si elle coule de source. Bibliothécaire de son état, Désiré tout au long de son roman cite Bohumil Hrabal dont il s'est inspiré jusqu'à la mort.
Un livre qui ne laisse pas indifférent, il m'a fait passer du rire aux larmes. Bref c'est une belle découverte.